Historique de la section PLONGEE (1/2)

A la demande du Président Bernard ROTHAN en 2001, un mémoire historique, rehaussé avec des photos d’époque de la section plongée,

a été réalisé par Paul JEANJEAN

avec la participation de Pascale, Lionel DE PADUA et Jean Loup CHAUVEAU-BELLIEU,.

Avant propos

J’ai voulu retracer l’histoire de nos adhérents qui ont vécu sur le bateau « Le Saphir » pendant les seize années où il nous a servi à naviguer sur la mer à la recherche de prestigieux décors dans les profondeurs marines.

Ensemble, nous nous sommes adaptés aux conditions climatiques du moment : vent du sud-est (pluvieux et mouvant), mistral farouche à l’abri des falaises et quand le beau temps ensoleillé revenait, c’était le sourire émerveillé de nos adhérents dans le décor marin de La Ciotat, Cassis, Marseille-Veyres et les îles. Au sein de notre club, les plongeurs ont fait avancer leurs convictions personnelles et ont rendu compte des évènements optimistes, pessimistes des uns ou des autres et il en résultat que tous allaient à la même vitesse sur un bateau. Certes, celui-ci consommait du carburant pour avancer, mais c’est notre pensée qui le faisait aller de l’avant, bien vigilant sous notre protection. Les quelques erreurs que nous avions faites nous permirent de rectifier nos pensées. Cela a fait de nous des gens d’expérience avec les années.

Mais ceci est notre vie personnelle, à vous de faire la vôtre pour que cela continue avec les autres bateaux.

Paul Jeanjean.

Liste des personnes qui ont animé la section de 61 à 78

JOANNES

Jacques

MFMN

Président

THIRION

Claude

MN

Président

CITERICI

Roger

MN

 

JEANJEAN

Paul

MF1

 

LARIEUX

Pierre

MF1

 

SNRECH

Daniel

MF1

 

MERITE

Bernard

MN

Président

CAMBE

Hervé

MF1

 

REBOUL

Maurice

MF1

 

ROULEAU

Daniel

MF1

 

GUEGUEN

René

MF1

Président

FIERARD

Pierre

2ème éch.

Président

PARONNEAU

Jean Claude

1er éch. (st. péd.)

Président

JOGAN

Patrick

MF1

 

VIALA

Michel

MF1

 

LION

Richard

2ème éch.

 

La section plongée sans bateau en 1961.

Lorsque j’ai pris contact avec JOANNES en avril 1963, il était président de la section plongée. Il m’apprit qu’il était le seul moniteur du club et me raconta l’origine de cette organisation. A la session d’avril 1961, il fut reçu moniteur fédéral au centre de Niolon. Il créa la section plongée de l’ASCEA et déposa les statuts à la sous-préfecture d’Aix-en-Provence le 15 juillet 1961.

Il n’y avait pas de bateau. La section avait acquis un lot de bouteilles d’occasion et des détendeurs neufs, 1 seule bouée de secours « Mae-West » équipée d’une cartouche de CO2 à gonflement direct et non réglable, plus une soupape de décharge pour éviter qu’elle éclate au moment de la remontée d’une personne en difficulté (Loi de Mariotte).Le remplissage en air comprimé des bouteilles était réalisé sur le centre de Cadarache grâce à l’aimable collaboration de la FLS, lors de leurs moments disponibles en cours de semaine.

Le seul moniteur de la section assurait une seule plongée le dimanche matin qui comprenait une séance école et une exploration, partant de la plage de rendez-vous (Cassis, La Ciotat, Saint Raphaël, etc.). Il organisait de temps en temps des sorties en bateau en utilisant les services de clubs de plongée de la côte méditerranéenne. La plupart des adhérents avaient pratiqué la pêche sous-marine et étaient équipés de matériel individuel convenable. Ce ne fut pas très difficile de les reconvertir.

Le plus souvent, les rendez-vous se faisaient avec les familles sur une plage qui pouvait les accueillir. Après la plongée du matin tous se réunissaient en pique-nique pour manger et bavarder avec force commentaires. L’après-midi le groupe se disloquait et chacun allait à ses occupations : baignade, pêche sous-marine, promenade… avant de rentrer à leur domicile, très loin pour certains.

Mais des difficultés apparaissent : plongées limitées en profondeur, danger des plages isolées avec la circulation non contrôlée de navires de plaisance à moteur ; le parc à bouteille fut très difficile à gérer d’une semaine à l’autre, du fait que les plongeurs qui s’en étaient servis, ne les rapportaient pas toujours au gonflage à la FLS pour des raisons personnelles (départ en mission, congés, oubli, etc.) donc des difficultés à avoir des bouteilles en quantité suffisante le jour de la sortie.

Aussi, l’année suivante, en 1962, il a été convenu en cours d’assemblée générale, d’acquérir un bateau ayant pour port d’attache la Calanque de Port Miou à Cassis.

LE SAPHIR

C’était une barque Catalane robuste qui servait à la pêche côtière. Achetée d’occasion au port de Sète et équipée d’un moteur diesel, elle possédait aussi une mâture pour être mue à la voile et, à l’arrière, une barre franche pour le pilotage.

Elle fut transformée dans un chantier de Marseille. L’avant fut rehaussé et pourvu d’un roof et d’un poste de commandes ; le moteur était situé à l’arrière sous le pont à proximité de la barre de pilotage. La coque extérieure avait été peinte en blanc, le pont en beige clair avec des billes de verre antidérapantes pour ne pas glisser avec les pieds nus mouillés. D’une manière générale, c’était un bateau qui tenait bien la mer par gros temps. Mais au mouillage, il roulait quand la houle était formée. Les bouchins arrondis favorisaient cet état. Le port d’attache fut aménagé dans la Calanque de Port Miou à Cassis, à mi-chemin entre le fond et le 1er virage en allant vers la sortie, rive gauche près des falaises rocheuses. Presque en face sur l’autre rive, une péniche aménagée en débit de boissons avec des « pailloles » pour protéger le tenancier du soleil, permettait aux passants et aux baigneurs de venir s’abreuver. L’eau de mer était aussi claire qu’à Riou et nous nous y baignions volontiers à cette époque. C’était les deux seuls bateaux qui séjournaient dans le fond de la calanque. L’avant du Saphir dirigé vers la rive gauche était solidement amarré par des cordages fixés sur la côte rocheuse. A l’arrière, au milieu du plan d’eau, à 3 mètres de fond, 2 gros blocs de pierre de 400 kg reliés par des chaînes solides retenaient le bateau bien en place.

Lorsque l’on voulait se servir du Saphir pour aller en mer, on manœuvrait sur bâbord arrière pour amener l’avant au milieu de la Calanque et en avant doucement pour partir vers la sortie. Plus tard, d’autres bateaux vinrent cohabiter de part et d’autre du nôtre. Les manœuvres de retour à notre place furent de plus en plus difficiles à réaliser, surtout quand le vent soufflait en rafales. Souvent, la gaffe, cet outil indispensable, nous a rendu de grands services.

En 1964, à la demande de certains adhérents, nous sommes partis au port de Hyères pendant une année. On remplaça le vieux moteur par un neuf, diesel aussi, moins gourmand en carburant. Les longues distances pour arriver aux lieux de plongée et la qualité des fonds nous ont incité à retourner à Cassis l’année suivante. Nous avions supprimé la baume qui ne servait pas à grand chose parce que nous nous cognions souvent la tête en passant. Les capots moteur bombés furent mis à plat pour mieux supporter les bouteilles de plongée couchées sur le pont du navire. Environ 10 ans plus tard, JOANNES révisa entièrement le moteur diesel dans son garage à Manosque. Il pouvait le faire en hiver en dehors de la saison de plongée à ses moments disponibles.

On pouvait embarquer 17 personnes avec le matériel de plongée. En 1977, la réglementation maritime changea et nous réduisait considérablement le nombre de gens à bord, 8 seulement. Cela n’était pas supportable pour un club de plongée de notre envergure.

Nous décidâmes à regret de vendre le SAPHIR qui nous avait rendu de grands services pendant 16 années sans grand soucis. Nous avons prospecté dans les ports pour trouver un autre bateau de remplacement qui pouvait supporter une vingtaine de personnes avec leur matériel de plongée en plus de celui de sécurité réglementaire pour la navigation.

Au mois de février 1978, nous vendîmes le navire, sans l’ancre originale que nous avions offerte à Jojo en souvenir du bateau qu’il avait tant choyé.

Lorsque le SAPHIR partit de la calanque de Port Miou avec son nouveau propriétaire, on lui a fait un signe d’adieu et on parla peu ce jour-là…

Mais revenons un peu en arrière pour savoir comment nous nous sommes servis de ce bateau pendant de nombreuses années.

Il était assuré tout risque pour la plaisance avec une clause complémentaire pour les personnes transportées. Les plongeurs étaient assurés à la Northern, compagnie anglaise qui avait un contrat global avec la FFESSM, à prix raisonnables.

Pilotage du bateau :

Seuls les responsables de sorties pouvaient se servir du bateau pour aller plonger ou faire des essais en mer en cas de problèmes mécaniques. Ces personnes, moniteurs ou niveau 4, habilitées par le bureau de la section plongée étaient responsables de tout le matériel et du personnel durant la sortie du dimanche ou autres selon les circonstances.

Entretien du bateau :

Presque toujours ce fut le président du club qui se chargeait de résoudre toutes les difficultés rencontrées en cours d’année. Il était avisé de ces évènements par les responsables de sorties. Il se faisait aider par des adhérents compétents et soucieux de maintenir à niveau le bateau pour qu’il soit toujours opérationnel. Les IK n’existaient pas en ce temps-là.

En dehors des périodes régulières d’utilisation du bateau pour les sorties, c’est-à-dire pendant l’hiver, une surveillance était assurée par les membres du club au minimum tous les 15 jours pour voir d’éventuels problèmes liés à l’attache du bateau dans la Calanque ou pour faire tourner le moteur afin d’éviter le gommage des cylindres, tout en rechargeant les batteries.

Lorsque les difficultés mécaniques dépassaient notre compétence, nous faisions appel à une entreprise spécialisée en moteur diesel qui envoyait sur place des techniciens pour effectuer la réparation. Un adhérent de notre club assistait à l’intervention en s’informant des problèmes, pour en tirer des conclusions pour l’avenir.

 

La plongée

LE MATERIEL DE PLONGEE Le scaphandre

C’est un appareil respiratoire pouvant servir en milieu hostile. Pour la petite histoire ce nom vient du Grec qui veut dire barque renversée. Une barque renversée dans l’eau flotte du fait de l’air emprisonné dans sa coque étanche. Cela a donné l’idée échappatoire à des esclaves d’utiliser cet air pour s’enfuir sans être vu de leur gardien en surface.

Pour le plongeur, le scaphandre se compose d’une bouteille d’air comprimé et d’un détendeur. Il existe plusieurs types de bouteilles : mono et bi-bouteille, petits et grands modèles. Pour ces derniers, on peut ajouter un flotteur pour diminuer son poids en immersion.

Quand j’ai connu le club en 1963, il possédait un lot de bouteilles de 12 litres peintes en rouges. Au sommet on trouvait un robinet de conservation haut avec un tenon droit sur le côté servant à loger le système de réserve et un orifice d’entrée et sortie d’air comprimé. Autour de celui-ci un joint torique permettait l’étanchéité pour la portée du détendeur et du compresseur. Des sangles réglables étaient fixées sur le corps de la bouteille par des colliers métalliques plus une autre sangle d’entre jambes terminée par un anneau se fixant à la boucle de la ceinture de lest. A la base, un petit culot en plastique noir de protection permettait de tenir la bouteille debout.

Pour équiper le scaphandre avec une mono bouteille gonflée à l’air à 180 bars, on adaptait l’étrier du détendeur « Mistral » sur le tenon droit du robinet de conservation, puis on serrait la vis à tête hexagonale avec une clé appropriée. Nous pouvions aussi nous servir du manche du poignard qui comportait l’empreinte en creux de la tête de vis de serrage. On montait ensuite la tige de manœuvre à distance de la réserve à l’insérant dans les agrafes attenantes aux colliers métalliques d’assemblage. Il fallait ensuite faire les essais de manœuvrabilité et ne pas oublier de contrôler la réserve haute avant le départ en profondeur.

Les bi-bouteilles de 3,2 m3 utilisés en principe par les encadrants pouvaient éventuellement secourir un plongeur manquant d’air en immersion. Composés de deux réservoirs de petite taille en acier gonflés à l’air à 180 bars, ils étaient reliés entre eux par une tubulure rigide comportant au milieu un robinet de conservation et à une extrémité le système de réserve exerçant sa fonction sur une bouteille. Ces deux bouteilles protégées à leur base par des culots en plastique noir étaient assemblées par des colliers métalliques sur lesquels venaient se cramper les sangles de portage réglables. Au fur et à mesure que les années passèrent et que ces bouteilles arrivèrent à la date de péremption de l’épreuve hydraulique de contrôle nous les remplaçâmes par des neuves de technologie améliorée pour être toujours à l’avant-garde du progrès.

Le détendeur

Au début des années 1961, j’ai utilisé le détendeur CG45 Cousteau Gagnan au stage de formation de la marine à l’école de Saint Mandrier. Conçu à deux étages, il était un peu dur à l’effort inspiratoire. En cas d’essoufflement, le plongeur se mettait sur le dos, l’air arrivait en surpression du fait du décalage : détendeur plus bas, pression plus forte et poumons plus hauts, pression inférieure.

Cette surpression évitait l’effort inspiratoire pour une meilleure récupération ventilatoire.

Soucieux d’améliorer le confort du plongeur en immersion, Cousteau inventa le détendeur simple étage « Mistral » dont l’effort inspiratoire fut considérablement amélioré. Notre section s’équipa avec ce détendeur qui, à son époque, était le dernier cri de la technologie sous-marine pour les plongées à l‘air comprimé.

Il y avait d’autres détendeurs dans le commerce qui étaient composés de deux étages reliés par un flexible dont l’échappement des bulles d’air usé faisait beaucoup de bruit aux oreilles. Ils étaient plus solides mais moins performants à l’effort inspiratoire que le Mistral. Plus tard, vers 1976, quand la technologie aura progressé d’une manière significative, nous adopterons ce type de détendeur.

Le détendeur Mistral est un détendeur à circuit semi-fermé parce que l’échappement de l’air usé se fait dans l’eau. Il est composé d’un boîtier en laiton chromé percé de trous pour l’évacuation de l’air expiré par le plongeur et permettant à la pression hydrostatique de pouvoir s’exercer sur la membrane. A sa base, on trouve un étrier pour l’adaptation sur le robinet de conservation de la bouteille d’air comprimé. Deux tuyaux annelés en caoutchouc noir, l’un servant à l’inspiration, l’autre à l’expiration, sont reliés entre eux par un embout buccal avec des clapets anti-retour pour éviter qu’ils se remplissent d’eau.

Les avantages pour l’époque furent sa souplesse à l’effort inspiratoire, sans le bruit désagréable des bulles aux oreilles, mécanique simple à la maintenance. Inconvénients : fragile par ces tuyaux annelés, passage d’embout fusant à une personne en difficulté (Le plongeur secouru en manque d’air orientait la direction à suivre, le secoureur se plaçait au-dessous de lui et nageait sur le dos, agrippé à une sangle de la bouteille de son collègue, tout en distribuant de l’air en surpression. Mais l’enseignement de notre école nous a appris à bien maîtriser cet appareil en toutes circonstances).

Les vêtements

Vestes, pantalons et chaussons pour se préserver du froid, étaient fabriqués avec du tissus néoprène souple de 4 ou 5 mm d’épaisseur seulement. Il existe 2 types de tissus :

  1. Double peau : lisse des deux côtés, s’enfile avec du talc pour pouvoir glisser sur le corps. Peut se déchirer si la tension exercée à l’habillage dépasse le seuil d’élasticité. Pas cher mais fragile, avantage sèche rapidement ;

  2. Double peau doublé nylon : à l’intérieur un tissus en jersey nylon dont l’extension est inférieure à la limite d’élasticité du néoprène. Ceci le rend plus solide et glisse facilement sur le corps.

Ces vêtements étaient réalisés non étanches pour permettre à l‘air emprisonné de s’échapper et être remplacé par l’eau. Cela évitait les pincements douloureux sous les bras par exemple. Lorsque l’eau était très froide, nous ajoutions un tricot à même la peau du corps. Il n’y avait pas de tissus néoprène plus épais dans le commerce. Les pantalons justaucorps, longs que de la ceinture aux chevilles ; les vestes, fermées en bas par une queue de pie portaient au bras gauche une table de plongée simple sur fond jaune bien visible. Des bandes jaunes de 2 cm complétaient l’esthétique des vêtements. Il existait aussi un sous-vêtement genre tee-shirt à manches courtes en néoprène de 1,5 mm d’épaisseur pour protéger la poitrine du froid.

Une ceinture de lest était nécessaire pour compenser la flottabilité de l’habit. Il en existait deux modèles :

  1. Spirotechnique à boucle largable qui glissait et perdait souvent son réglage d’origine, on pouvait la perdre quelquefois lors de mouvements inconsidérés, restant souvent accrochée à la bouche d’entrejambe au moment du largage ;

  2. Marseillaise à boucle classique dont le passant troué était maintenu par un doigt érectile qui s’écartait au largage de la ceinture en cas de besoin.

Le masque

Il était formé d’une jupe en caoutchouc lisse avec bossages pour l’utilisation de la méthode de Vassalva, une sangle de maintien sur la tête et une verrière pour la vision sous l’eau. Les premiers masques n’avaient pas les bossages. On plaquait la base de la jupe entre le pouce et l’index, puis en soulevant légèrement on étanchait les narines.

Les palmes

Les modèles, avec ou sans tuyères, pouvant se porter avec ou sans chaussons, avaient des sangles de fixation. Lourdes sur terre mais efficaces en plongée.

Le tuba

C’est un tuyau en caoutchouc raide avec un embout buccal que l’on fixe aux sangles du couteau pour éviter de le perdre. Il servait à la respiration en surface en cas de besoin.

Le couteau

C’est plutôt un poignard en inox, dentelé, placé dans un étui sanglé, fixé au mollet droit pour les droitiers. Sur le manche métallique, en creux, l’empreinte de la tête de vis de serrage de l’étrier du détendeur.

Le profondimètre

Servant à mesurer la profondeur, avec ou sans aiguille traînante, il se place au poignet ou en pendentif.

La montre

Etanche, en inox, pouvant supporter la pression à grande profondeur, est une meilleure garantie de fiabilité. C’est un outil indispensable pour contrôler les temps de plongée et de paliers.

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